Grandes entrevues / Personnalités québécoises

Lynne Faubert, l’alter ego des chefs

Si vous réussissez vos recettes tirées de certains livres signés par des chefs, c’est un peu grâce à elle. Et si vous lisez avec intérêt le petit texte qui figure sur le côté de votre litre de lait en carton, c’est aussi grâce à elle. Lynne Faubert est une rédactrice culinaire pigiste qui travaille depuis dix ans dans le milieu alimentaire (publicité et édition). Parfois, sa présence est « fantôme » : on lui demande de remanier des textes et elle s’exécute, dans l’ombre. Et parfois, elle signe des ouvrages de cuisine, qu’elle conçoit et dirige de A à Z.

Érudite, branchée et polyvalente, Lynne a répondu à mes questions devant un bol de café au lait, au marché Jean-Talon, un sac rempli d’achats (des livres de cuisine, principalement) à ses pieds.

Maude : Comment en êtes-vous arrivée à pratiquer ce métier ?

Lynne : C’est un peu le hasard qui m’a menée là où je suis… Quand j’avais 33 ans, je travaillais pour une petite agence de communications qui se chargeait de faire le livre Qu’est-ce qu’on mange? du Cercle des fermières. Les recettes étaient trop longues. On m’a demandé de plonger dans le bouquin, de faire les recettes, de retravailler les textes. Je me suis attaquée à une pièce d’anthologie !

Maude : Parlez-moi des livres de recettes auxquels vous avez participé depuis.

Lynne : Ce sont souvent des collectifs, comme par exemple, À la bonne franquette. Ce livre regroupe les recettes de dix ingrédients ou moins créées par quatre-vingts chefs de seize régions agrotouristiques du Québec. Une deuxième version sortira à l’automne avec plus de contenu et une mise à jour. J’ai aussi participé au livre de l’émission Des kiwis et des hommes et à celui de Centraide, 100 vedettes, 100 recettes. Le plus récent, 100 recettes pour toi mon cœur, de la Fondation de l’Institut cardiologique de Montréal, a paru au début du mois d’avril.

Maude : Vous êtes souvent appelée à collaborer avec des chefs. Ils ont la réputation d’être assez caractériels… Comment les décririez-vous ?

Lynne : J’adore les chefs ! Ce sont de grandes natures, des personnages colorés et de formidables noceurs. Ils travaillent dans l’immédiat et dans le plaisir.

Maude : Quels chefs et quels établissements devrions-nous aller visiter ? Vos coups de cœur?

Lynne : Danny Saint-Pierre, du restaurant Auguste à Sherbrooke est un gars génial, d’une grande générosité, branché, ouvert et accessible. Il vient d’ouvrir une sandwicherie, Augustine, dans la même ville. Nick Hodge, du Kitchenette et du Ice House, est un passionné qui fait de la bouffe éclatée. Et il y a en a plusieurs autres : Ségué Lepage du Comptoir, Martin Juneau qui vient d’ouvrir le restaurant Pastaga, Éloi Dion du Van Horn. À l’extérieur de Montréal, il y a François Côté à L’Impérial  à Granby et Bruno Léger au Recto Verso à Sainte-Adèle.

Maude : Quelles sont les caractéristiques des chefs du Québec?

Lynne : Nos chefs ne gravitent pas dans un univers qui est sclérosé, structuré ou hiérarchisé. Ici, le talent, c’est comme la crème : ça remonte à la surface. S’ils sont bons et persévérants, ils peuvent ouvrir un restaurant à 28 ans.

Maude : Quelles tendances observez-vous du côté des livres de cuisine ? Ils se multiplient…

Lynne : Il est clair pour moi que c’est une mode et qu’elle va finir par passer. C’est une bulle. Le livre de cuisine est devenu le livre de déco des années 1980 ! On a quitté le simple livre de recettes pour aller vers une voix, un univers. Par exemple, le livre Cabane à sucre Au pied de cochon de Martin Picard. Ou The art of living according to Joe Beef. Je pense que ces changements sont une bonne chose : une simple recette est accessible par Internet… Il faut aller plus loin et proposer une histoire.

100 recettes pour toi mon cœur, de la Fondation de l’Institut de cardiologie de Montréal, est publié aux Éditions Transcontinental.

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