Temps des Fêtes

Chez moi, le 24 décembre…

Juchée sur mes talons hauts, j’applique mon gloss scintillant en me regardant dans l’une des portes d’armoires vitrées de la cuisine. Pas question de quitter la pièce, c’est mon « centre opérationnel » : nous sommes le 24 décembre, il est 16 h. La table est dressée, le four est rempli, le frigo est rempli. Le comptoir déborde.

Dans trente minutes, la visite arrive.

J’entends au loin ma Princesse qui hurle. À l’étage, son père essaie de lui enfiler sa robe brillante à tutus. « Ça piiiiiiique ! », pleurniche-t-elle. Je soupire. Fiston arrive en gambadant, dans ses petits souliers vernis. « Pschitt », fait-il en faisant voler sa fusée au-dessus du comptoir. Je souris. Ses cousins et cousines arrivent sous peu. L’excitation est à son comble.

Toute la maison sent bon le ragoût de boulettes et la tourtière. Ici et là, des bougies, des petits plats de trucs à grignoter, des décorations rouges et vertes. Les boissons sont au froid… dehors dans la neige. On ouvrira la porte patio pour cueillir le jus des enfants, une bière ou une bouteille de blanc. C’est le seul moment de l’année où je suis vraiment heureuse d’habiter dans un pays nordique.

Dans quinze minutes, la visite arrive.

Princesse débarque en tempête dans la cuisine. Elle boude dans sa robe brillante. Je la trouve tout de même mignonne… Elle agrippe quelques olives vertes et s’assied dans l’escalier en arrachant la boucle dorée de ses cheveux. L’homme met Ave Maria et chantonne en ouvrant les bouteilles de rouge « pour qu’elles respirent » même s’il paraît que c’est un mythe.

Je dispose les bonshommes de pain d’épices dans une assiette en forme d’étoile. Les enfants les ont faits avec moi hier, trop heureux de prendre part aux préparatifs. Ils ne seront pas de taille à côté des fameux biscuits sablés aux centres à la confiture que ma mère apportera tantôt. Le meilleur dessert au monde, à mon humble avis.

Dix minutes.

Quelle est cette odeur? Zut, quelque chose brûle ! Mes mains sont moites, j’ouvre le four précipitamment. Mon angoisse se dissipe à la vue d’un petit croûton qui s’est échappé et qui calcine, tout seul, sur le gril. J’ai chaud. Il y a de la buée dans les fenêtres, j’en ouvre une. Je respire une bouffée d’air glacé. Du calme, tout ira bien.

Cinq minutes.

Le menu est audacieux. Serais-je à la hauteur? Je ne dois rien oublier. Du calme, tout ira bien. Nous serons ensemble, c’est le principal. Nous allons rire, jaser, boire, déballer, manger, jouer. Ce sera festif, sympathique. Inspire. Expire.

Ça sonne à la porte. Fiston est déjà en train d’ouvrir. J’accours, tout sourire. Qu’est-ce qu’on va s’amuser ! Mes parents ! Mes sœurs et leurs conjoints ! Mes neveux et nièces ! Tous seront là, réunis autour de MA table. C’est une première. Je suis énervée. Je suis fière.

Surtout, je suis heureuse. C’est Noël.

Joyeuses Fêtes à tous !

 

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