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L’anarchie culinaire de Bob le Chef

Son vrai nom, c’est Robert James Penny. Mais appelez-le par son surnom de blogueur, Bob le Chef. Il l’endosse depuis 2005 sur la toile, où il sévit avec ses capsules vidéo culinaires (plus de 150 à ce jour). Il crée de bons petits plats, tout simples et économiques. Sous ses airs de grand ado adepte de skateboard, un brin bordélique et irrévérencieux se cache un chef expérimenté diplômé de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. À 35 ans, Bob le Chef peut se targuer d’avoir usé les chaudrons de plusieurs restaurants réputés de Montréal : Le Globe, Le Misto, La Brunoise et Le Méditerranéo, entre autres. C’est lui qui a ouvert la brasserie Rachel Rachel en 2010 (il a vendu ses parts depuis).

Il aime cuisiner et il aime montrer aux autres l’art de cuisiner. « Je n’ai jamais eu d’autre emploi que dans une cuisine, dit-il en entrevue. C’est un métier qui me passionne et c’est un métier de passion. Je ne ferais rien d’autre dans la vie ! » Convaincu (et convaincant), Bob le Chef ne tarit pas d’éloges envers sa profession : « Ça prend de la drive, ça va vite, explique-t-il. En même temps, je ne connais pas d’autres métiers où il y a une telle fraternité. On est une équipe. On s’envoie chier dans le rush en soirée mais quand on ferme le resto, on prend une bière et tout est oublié ». Il parle aussi de fidélité. « On ne call jamais malade car toute l’équipe se fie sur nous, confesse-t-il. J’adore ça ». Et en pleine canicule, quand le mercure grimpe jusqu’à 60o en cuisine, il aime ça aussi ? « L’avantage, c’est que lorsqu’on rentre chez soi, à 30o, c’est frais, on est juste bien », raconte-t-il en riant.

C’est avec ses amis Alexis et Mathilde que l’idée de créer une émission culinaire sur le Web a fait son chemin. Le concept ? S’adresser aux jeunes de 16 à 30 ans, « ceux qui partent en appartement » dit Bob, particulièrement les garçons et leur montrer des recettes saines, faciles, rapides, tout en s’amusant. Les capsules sont tournées dans l’appartement d’Alexis et sont réalisées par ce dernier. « Au début, les gens nous trouvaient ridicules, avoue Bob. Mais quand les médias plus traditionnels ont commencé à parler de nous, nous savions que nous venions de lancer quelque chose d’intéressant, soit le premier show culinaire Web ». Aujourd’hui, la petite équipe tire des revenus du blogue grâce aux placements publicitaires mais aussi parce que Bob roule sa bosse comme chroniqueur invité ici et là à la télé.

Est-ce dire que sa prochaine cible serait de créer sa propre émission de cuisine au petit écran ? « Absolument pas !, lance-t-il sur le champ. Je ne ferai pas un show poche juste pour être à la télé. » Il avoue que ses acolytes et lui ont flirté avec l’idée mais que le plan a vite été écarté. « Ce qu’on voit dans les vidéos, c’est 100 % moi, c’est vraiment comme ça que je cuisine dans la vie », déclare-t-il avant d’ajouter : « je ne sais pas si tous mes propos passeraient à la télé et je ne veux pas faire de compromis »… Son petit côté trash, il l’assume. Il s’en amuse, même. « Disons que mon style est bien différent de celui de Louis-François Marcotte ou de Ricardo, par exemples », rigole-t-il.

Malgré sa désinvolture, il est évident que Bob le Chef est ambitieux. Des projets, il en a et il en brasse. Avec deux livres à son actif (et un troisième qui sort bientôt), l’anarchiste culinaire a tous les ingrédients pour devenir un incontournable au Québec. Et là-dessus, je parie que Louis-François et Ricardo seraient plutôt d’accord.

Questions éclairs à un foodie qui aime sortir des sentiers battus

Vos inspirations ? Tous les gens qui cuisinent sans prétention. J’ai beaucoup aimé le livre L’Art de vivre selon Joe Beef. Le chef Anthony Bourdain, qui a signé le livre Kitchen Confidential, m’impressionne beaucoup. Je suis tout ce qu’il fait. Sœur Angèle est un modèle – et je ne parle pas juste comme cuisinière mais comme personne. Elle a 75 ans et elle a un dynamisme incroyable. Elle donne ses cachets à des organismes de charité. Et son pouding au pain fait avec du panettone est vraiment écœurant !

Ce qu’on devrait toujours avoir dans son garde-manger ? Des pâtes. Avec un peu de légumes et une pièce de viande, on peut manger des repas différents pendant une semaine.

Votre aliment fétiche ? Le chocolat. J’en mange tous les soirs. Je trippe sur les barres Ritter Sport. Elles sont excellentes et ne coûtent pas trop chères.

Vous ne cuisinerez jamais avec… Je peux tout essayer, sauf le Cheez Whiz. Je n’en mets pas dans mes recettes. Ça m’écœure.

Vos restaurants favoris ? Pour une date importante, je vais au Saint-Urbain sur Fleury. J’aime aller manger dans le Chinatown parce que plusieurs restos sont ouverts jusqu’à 5h du matin… Je vais souvent au New Dynasty (1110 rue Clark, 514-871-8778)  pour le canard de Pékin et les huîtres géantes. Les meilleurs sandwichs en ville sont au Slovenia (3653 boulevard Saint-Laurent, 514-842-3558).

L’Anarchie culinaire selon Bob le Chef et L’Anarchie culinaire La Revanche sont tous deux disponibles aux Éditions La Presse. Le troisième tome, L’Anarchie culinaire La Faim du Monde, sera publié à la fin du mois de septembre 2012.

Crédit: Daniel Mathieu

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2 commentaires

  1. Demédy dominique
    29 Juin 2012

    j’ai déjà bien aimer cuisiner,moins aujourd’hui,je reçoit quand même bien ma visite je préfère aller plus vite et plus court en recettes. maintenant.j’appreccie les chefs aux recettes rapides.je détiens pourtant un certificat en cuisine,ce qui ne veux rien dire vis à vis la cuisine, on aime où moins peu importe le diplôme.je crois que je vais suivre ,Bob le chef dorénevant.Merci pour le renouveau culinaire.Dominique

    • Anne-Marie
      3 Juil 2012

      Bonjour Dominique,
      Effectivement, Bob le chef amène un bon vent de nouveauté! La variété aura toujours sa place dans la cuisine 🙂

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