La première fois que j’ai rencontrée Catherine Trudeau, j’avais dix-sept ans. J’attendais dans le couloir du CÉGEP où je débutais le programme Arts et lettres. J’étais arrivée si tôt à mon premier cours que le local n’était pas débarré. Elle est arrivée en même temps que moi. Tout de suite, ça m’avait frappé : cette fille irradiait. Gentille. Pétillante. Authentique.
Rapidement, nous nous sommes liées d’amitié. Elle m’a confié ses envies de devenir comédienne… J’étais (déjà) en admiration devant son talent, immense. Nous avons chacune poursuivi nos rêves et nos routes se sont séparées.
Devenues toutes deux mamans, nous nous sommes retrouvées il y a quelques années, tout naturellement. Et nous avons repris la conversation là où nous l’avions laissée…
Maude (au téléphone) : Tu es prête à parler de bouffe avec moi?
Catherine : Ben oui ! Justement, je suis en train de faire un pâté chinois!
Maude : Je te connais, je suis sûre que ce n’est pas un pâté chinois steak-blé d'Inde-patate. Je te gage que tu as une version plus grano, avec lentilles ou quinoa…
Catherine : (éclats de rire) Tu te trompes! Je fais la version la plus classique qui soit! J’ai déjà essayé de mettre des patates douces et je me suis fait chicaner.
Catherine Trudeau, que plusieurs connaissent grâce à son rôle dans la série Les Invincibles (Lyne-la-pas-fine, c’était elle), a deux jeunes garçons : Élie, 4 ans et Miro, 1 an. Leurs goûts oscillent entre le conventionnel et le raffiné, m’explique-t-elle. « Miro, c’est une petite poubelle, dit-elle en riant. Il mange de tout. Élie goûte à tout, il est très curieux et il mange des affaires vraiment surprenantes pour un enfant. Là, il trippe sur les crevettes… »
Maude : Que leur cuisines-tu pour leur faire plaisir?
Catherine : Ils adorent le poisson. Hier, j’ai fait un saumon à l’érable, ça a été un succès. Les boulettes, ça marche fort chez nous : au veau, à l’agneau ou à la dinde, dans une sauce tomate, par exemple. Je mets beaucoup de fines herbes, du cumin, du cari…
Maude : Ils mangent facilement des légumes? À cet âge, on le sait, parfois, c’est difficile…
Catherine : Je suis la reine des crèmes de légumes ! J’ai découvert que c’était une bonne façon de leur faire manger toutes sortes de légumes et en même temps, j’évite les pertes.
Puisqu’elle et son conjoint ont des horaires de travail atypiques, la planification des repas est essentielle. Elle avoue avoir beaucoup de bonnes intentions et de belles idées…
Maude : Comment organisez-vous les repas, la semaine?
Catherine : Je me fais un plan de match durant le week-end pour la semaine à venir… Et j’essaie très fort de m’y tenir (rires). En fait, nous avons un grand tableau où nous avons inscrit nos recettes gagnantes, celles que l’on a testées et aimées. Elles sont classées par protéine : une de poulet, bœuf, porc, poisson et végétarienne. Cela dirige mon épicerie de la semaine.
Maude : Est-ce que tu cuisines à l’avance?
Catherine : Oui. Lorsque je prépare un repas, parfois je double les quantités et je congèle. Il m’arrive de cuisiner un plat d’accompagnement, comme un gratin de légumes, le dimanche pour que ce soit vite prêt le lundi soir. Ceci dit, si on se commande de la pizza, un soir, je ne capote pas…
À bas la culpabilité! Catherine a cette grande qualité de ne pas se mettre trop de pression. Contrairement à plusieurs parents (particulièrement les mères), elle ne vise pas la perfection. Elle n’essaie pas de tout faire.
Maude : J’adore ton discours : tu n’es pas dans l’obsession de la performance ni dans ton rôle de mère ni lorsqu’il est question de bouffe…
Catherine : Non! Je suis à la recherche du sacro-saint équilibre. D’un côté, j’ai le souci que mes enfants mangent bien. J’essaie de couper le sucre, de diminuer le sel et le gras. D’un autre côté, je suis pour le ‘vivre et laisser vivre’. Mon enfant ne veut pas manger à table ? Je ne me bats pas avec lui. On mange des restants ? Je n’ai aucun problème avec ça.
Maude : Mais je sais que tu as un petit côté foodie…
Catherine : Oui! Je navigue dans les deux univers : dans mon frigo, j’ai de la mayo Miracle Whip et une moutarde très fine des Miels d’Anicet... Je suis à la fois la pro du craquelin sans gluten demi-sel et celle du Ritz ! (rires)
Quarante-cinq minutes ont passé. L’entrevue est terminée. Nous nous laissons en nous promettant de nous retrouver bientôt; ne reste plus qu’à décider si ce sera dans un bon restaurant avec les amoureux ou devant un spaghetti maison avec la marmaille qui court autour.
Catherine Trudeau fera partie de la distribution du téléroman Mémoires vives cet automne sur les ondes de Radio-Canada. Elle signe tous les mois une chronique d’humeur dans le magazine Coup de Pouce.
Crédit photo : Julie Perreault
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