L’itinéraire d’un raisin sec

Quand ils ne sont pas là, la maison me paraît vide. Et quand ils sont là, la maison me semble petite. Et surtout, bordélique. Je passe mon temps à ramasser les jouets, les vêtements, les livres, les balles, ah tiens, quelques roches et branches d’arbre, les poupées, les chaussures et… les miettes.

C’est fascinant à quel point on peut retracer l’itinéraire de mes enfants en suivant ce qu’ils laissent derrière eux. Évidemment, j’essaie de les contenir à la salle à manger quand c’est l’heure de prendre la collation. Mais avec l’été qui arrive, il est difficile de contrôler toutes ces allées et venues de la cour extérieure, à la terrasse, à la cuisine, à la salle de jeux et allez, on recommence.

Quand ils sont partis et que je me lance dans une séance de rangement, je peux non seulement deviner ce qu’ils ont mangé (ou refuser de manger, selon l’état de la Chose en question) mais aussi, à quel moment. Derrière un fauteuil, un gobelet rose (appartenant donc à ma petite furie de bientôt deux ans) rempli de lait… suri. Il doit dater de quelques jours, celui-là. Plus loin, des miettes de craquelin. Ah, tiens, j’avais pourtant demandé à l’aîné de rester assis au comptoir. Visiblement, mon petit diable n’a pas suivi la consigne.

Les vitres de la porte patio, elles, sont une œuvre artistique en soit depuis l’arrivée du beau temps. Traces de petites mains beurrées de fromage à la crème, empreintes de doigts bleu popsicle, substance collante non identifiée – à moins que ce ne soit le sirop d’érable d’hier matin – forment un tableau intéressant (que l’on peut admirer sous deux angles, de l’intérieur ET de l’extérieur, cela n’est-il pas merveilleux).

Dehors, sous la table, une boîte de jus égarée fait le bonheur des fourmis. Qui l’a laissée traîner là ? Je découvre les reliques du souper de la veille : croute de pain mâchouillée, petits pois écrasés, contenant de yogourt vide. Et un autre gobelet (rose) de lait – ma foi, ils se multiplient !

Vous croyez que ma maison est un fouillis ? Pas du tout. Avouez qu’avec de jeunes enfants, la bouffe est omniprésente : ils ont toujours un petit creux ! Quand ce n’est l’heure du repas, c’est l’heure de la collation. Ou du verre de lait. Ou du petit jus. Sous mon toit, pas de croustilles ni de friandises – sauf pour les moments de fête. Les collations sont santé et mes deux affamés ne s’en plaignent pas. Leurs premiers choix ? Ces temps-ci, c’est un biscuit Breton tartiné de fromage à la crème. Ou les boîtes de raisins secs (qui contiennent toujours des naufragés qui ne réussissent pas le voyage de la boîte à la bouche). Un autre hit, ce sont les fruits frais coupés : mangue et framboises remportent la palme (Princesse enfile ces dernières au bout de ses doigts, comme des bagues précieuses, qu’elle admire avant de les dévorer en riant).

Et chez vous, quelles collations font fureur ?