Saine alimentation

UN POTAGER SUR LE TOIT, ÇA FAIT DU BIEN!

On est de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’histoire unique de chacun de nos aliments. Comment ma carotte a-t-elle été produite? Qui l’a déterrée du sol? Souffre-t-elle de décalage horaire suite à un trop long voyage? Par chance, les Montréalais de l’arrondissement Saint-Laurent – et tous les autres curieux! - n’ont plus à s’inquiéter du sort de leurs végétaux. En effet, le supermarché IGA extra de la famille Duchemin est le tout premier épicier canadien à offrir à sa clientèle des légumes biologiques ayant poussé directement… sur son toit! Commerce de proximité, vous dites? Ce projet absolument innovant a tout pour plaire aux résidents du secteur ainsi qu’aux agriculteurs urbains qui lui ont fait voir le jour. On vous raconte ce qu’on a retenu de notre visite des lieux!

Un potager sur le toit du IGA, ça fait du bien aux gens du secteur!

Fraîcheur, saveur et vitamines

Fait connu, plus la distance entre le champ et l’assiette s’allonge, plus les végétaux perdent en turgescence et en nutriments. Or, en produisant sur son toit ce qui sera vendu juste en-dessous, dans les rayons, le commerce de la famille Duchemin a la certitude d’offrir un produit toujours frais, savoureux et nutritif à leurs clients. Les cultures sont d’ailleurs certifiées biologiques par Ecocert. Intééééressant !

Plus de variété, plus de découvertes!

La configuration particulière de ce réel champ aérien permet de produire une offre originale et diversifiée, au plus grand bonheur des épicuriens du coin. On vous explique! La superficie généreuse du champ (on parle tout de même de 25 000 pieds carrés!) est divisée en rangs. Comme les agriculteurs travaillent avec des outils manuels de petite taille versus d’imposantes machines à moteur, les rangs peuvent être plus rapprochés que ceux des gros producteurs maraîchers. Le rendement par pied carré est donc grandement augmenté. Or, comme il n’y a qu’un seul point de vente et par conséquent, une quantité modeste de chaque variété à produire, il est possible de faire pousser une trentaine de fines herbes, fruits et légumes différents au lieu de, par exemple, se spécialiser dans les tomates pour fournir le Québec en entier. Comme consommateur, on a ainsi le loisir d’ajouter de nouveaux légumes moins connus à notre plateau de crudité tels que des rabioles ou des choux-raves ou encore d’accompagner nos grillades estivales de bette-à-carde colorée.


Du miel au goût ultra local

Par ailleurs, grâce à la participation des apiculteurs d’Alvéole, pas moins que 600 pots de miel provenant du toit seront vendus d’ici la fin de l’année. À la question « D’où vient le miel? », les employés du IGA pourront répondre fièrement à leurs clients : « De vos fleurs, madame! ». N’est-ce pas fascinant de constater toutes les interactions qui sont créées entre les différents éléments de la faune et flore urbaine grâce à ce projet!

Chambre avec vue sur le champ, svp

Finalement, le toit vert rehausse grandement le paysage du quartier. Imaginez pouvoir faire un yoga matinal sur votre balcon avec vue sur le champ… en PLEINE VILLE! Pas mal plus apaisant qu’un toit de goudron, si vous voulez notre avis. Les agriculteurs nous disaient d’ailleurs que les habitants avoisinants prenaient plaisir à suivre l’évolution des récoltes à partir du dernier étage de leur condo. Les chanceux!

Un potager sur le toit du IGA, ça fait du bien aux agriculteurs!

Labourer la terre… en ville!

Lors de notre visite du IGA de la famille Duchemin, nous avons aussi eu la chance de rencontrer les deux génies qui ont fait du rêve la réalité : Antoine Trottier et Tim Murphy, respectivement fondateur / co-propriétaire et chargé de projet / maraîcher urbain pour La Ligne verte - une entreprise d’ici spécialisée en « verdissement de toits » et en agriculture urbaine. Ces attachants cultivateurs nous partageaient la chance qu’ils avaient de pouvoir exercer leur profession tout en faisant leur vie en ville, à Montréal. « C’est un travail super zen », nous ont-ils dit. Entouré de verdure luxuriante et du bourdonnement délicat des abeilles d’Alvéole, on n’a pas de mal à le croire!

De belles rencontres

Un autre point significatif pour Antoine et Tim est le contact avec le client, rendu possible grâce à la proximité du champ avec le point de vente, tout juste sous leurs pieds. Descendre quelques marches pour pouvoir discuter en face à face avec les consommateurs donne un sens à leur travail. Ils savent que le basilic qu’ils font pousser parfumera la sauce à spaghetti de Mme Mancini ou bien la salade de tomates de M. Gérard. À l’inverse, pour les clients, mettre un visage sur la main qui les nourrit (littéralement!) sort les agriculteurs de l’anonymat et valorise leur travail. On apprécie effectivement mille fois plus notre salade de kale lorsqu’on a conscience de l’humain et des efforts qui ont soutenu sa production.

De quoi être fier

Puis, pour ses créateurs, le potager est une grande source de fierté. D’abord, car il s’agit du plus grand potager bio sur un toit de supermarché au Canada. Ledit supermarché est aussi le premier à vendre des produits ayant poussés sur son toit au pays. Ensuite, car, grâce à leur expertise et ingéniosité, Antoine et Tim ont su relever tout un lot de défis techniques. Travailler sur terreau de seulement 15 cm d’épaisseur et composer avec les vents et la chaleur du toit, ce n’est pas une partie de bowling, comme on dit. Chapeau, messieurs! Vous êtes de vrais magiciens.

    

Bref, on a pu constater de nos propres yeux les débuts fructueux du toit vert du IGA extra de la famille Duchemin. Malgré le succès que témoigne déjà leur projet, les propriétaires Richard, Daniel et Francis ainsi que les agriculteurs Antoine et Tim n’ont pas l’intention de s’asseoir sur leurs lauriers! Ils ont comme ambition de pousser encore plus loin la synergie entre le champ et le supermarché. Présentement, l’eau de condensation est utilisée pour irriguer le champ et le bistro du rez-de-chaussée conserve le marc de café qui servira à acidifier les sols trop alcalins. Or, dans les mois à venir, l’équipe innovera à nouveau en créant du compost sur place à partir des fruits et légumes invendus ou – qui sait – en offrant des visites du potager au grand public. On a hâte de voir l’évolution de ce petit bijou vert!

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