J’ai approché la cuillère. Il était frétillant, tout content. Il a tout de suite ouvert la bouche, sous les « oh ! » et les « ah ! » de ses parents et grands-parents, gagas. Et il a mangé. Je me souviens encore de la première bouchée de nourriture solide – enfin, c’était de la purée – avalée par Fiston. J’étais surexcitée. C’était le début d’une grande aventure pour mon fils.
Et pour moi.
Je m’étais mise en tête de cuisiner moi-même toutes les purées avalées par mes enfants. Je l’ai fait pour Fiston et, comme la mémoire est une faculté qui oublie, j’ai remis ça à Princesse. J’ai tout lu sur le sujet : les dernières publications des pédiatres, des nutritionnistes, du CLSC, les plus récents livres de recettes, j’ai fréquenté des forums, j’ai interrogé les nouvelles mamans autour de moi.
Simple, faire des purées ? Oui… et non. Quand bébé commence à manger, vers six mois, c’est du gâteau : on fait cuire à la vapeur ou dans un minimum d’eau les fruits et les légumes bien lavés et pelés, jusqu’à tendreté. On passe au mélangeur. Pas de sel, pas de sucre, aucun ajout. On sert et on se régale de voir notre bébé découvrir toutes ces saveurs et ces couleurs.
Mais vers neuf mois, ça se gâte. Bébé est un peu plus grand, il fait la moue, secoue la tête, ferme la bouche, donne des tapes sur la cuillère qui approche. Fiston ne voulait que de la purée de banane. Et de l’orge, l’une des premières céréales pour bébés que l’on sert, et qui a ce bon goût sucre. Je sortais alors mon attirail de trucs et d’astuces pour réussir à faire manger des haricots jaunes en purée et de la compote de pêche à mon petit entêté. J’ai fait des bruits d’hélicoptère, j’ai chanté, j’en ai mangé devant lui, je lui ai donné sa propre cuillère, j’ai détourné son attention et parfois, évidemment, je l’ai grondé. Je vous l’accorde, ce n’est pas la meilleure solution – ne me dites pas que je suis un cas unique…
Fiston ne résistait pas longtemps lorsque je lui servais des purées plus diversifiées. À cet âge, on peut commencer à mélanger les goûts, modifier les textures. Abricots et millet, saumon au cheddar, poulet et avocat, tofu à la courge musquée… J’ai expérimenté et je me suis bien amusée. J’ai parfois lâché de gros mots devant mon robot culinaire qui me rendait une purée brune, collante, peu appétissante. Une leçon : respecter scrupuleusement les quantités solides/eau indiquées dans la recette. Et limiter le nombre d’aliments mêlés ensemble – si non, ça vire invariablement à de la bouillie.
Aujourd’hui, tout ça est derrière moi. J’ai donné mes bacs à glace (utilisés pour verser la purée et la congeler) mais j’ai gardé mon mélangeur. Quand je prépare une compote de pommes et que je vois mes deux tannants gratter le fond du bol avec leur cuillère, je me dis que décidément, ils en ont fait du chemin…
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