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Comment je suis devenue une foodie

« Je vais faire une salade césar. Achète du bacon. » J’ai envoyé un message texte à l’Homme, parti faire les courses en ce dimanche après-midi. Il est rentré une heure plus tard, les bras chargés. En vidant les sacs, j’ai failli perdre connaissance : il avait acheté du simili bacon. J’étais perplexe, déçue, presque fâchée. Et c’est là, à ce moment précis, que la réalité m’a frappé : j’étais devenue une foodie.

Traitez-moi de snob, lancez-moi des roches, mais à mon avis, une salade césar, concoctée à la maison, avec une vinaigrette montée au fouet, des croûtons cuits au four, ça ne se mange pas avec du simili bacon. Cet ingrédient n’avait tout simplement pas sa place dans « ma » recette.

J’étais là, à bouder comme une enfant, alors que le fiancé se servait un verre de vin en sifflotant, heureux à l’idée de passer une belle soirée en famille sur le bord du feu. Comment en étais-je arrivée là?

Il est vrai que je viens d’une famille où les repas ont toujours été mis au premier plan. Pas de téléviseur allumé pendant que nous mangions tous les cinq à table, durant mon enfance. Tous étaient invités à prendre part à l’élaboration du repas et à la préparation de la table. La fin de semaine, les soupers prenaient des airs cérémonials : musique en sourdine, chandelles, belle nappe… À l’époque de mon adolescence, ce rite me tapait royalement sur les nerfs.

Lorsque j’ai déménagé mes pénates à Montréal pour étudier, voilà que j’appelais ma mère pour connaître telle ou telle recette. Je tentais, déjà, de reproduire ce que j’avais mangé (et vécu) chez moi… Ce n’était donc pas si facile de cuisiner comme ma mère et mon père ! Et oui! Mon père cuisinait lui aussi – souvenez-vous, à l’époque… Mes amies trouvaient cela phénoménal.

Curieuse, je me suis mise à feuilleter les livres de recettes, à courir les restaurants, à m’informer des tendances culinaires… jusqu’à ce que je découvre la chaîne Food Network. Ce fut une révélation ! Et un choc : bien cuisiner était un art. Et j’étais une vraie néophyte. Daniel Pinard est devenu mon idole (grâce à sa fameuse émission Les pieds dans les plats). J’ai emprunté les bouquins de Jehane Benoît de ma mère et ceux du chef Pol Martin de mon père. J’ai fait des tests, j’ai goûté, j’ai recommencé… Et j’ai compris : tout était dans la qualité et le souci du détail

Et voilà. La foodie était née. Au fait, qu’est-ce qu’une foodie, me demanderez-vous? C’est un amoureux de bouffe et de boisson (lire : de vin) qui a fait de la nourriture un hobby, un passe-temps. Tout ce qui touche à ce domaine l’intéresse : les chefs, les restaurants, la nutrition, les modes, les nouveaux ingrédients et produits, l’agroalimentaire, le stylisme culinaire, etc.

De là à prendre en photo chaque joli plat que je réussis et à les publier sur les réseaux sociaux? Non. De là à conseiller des amis qui me reçoivent sur la technique de cuisson de la viande? Non. De là à flamber de l’argent dans des établissements hors-prix? Non.
De là à lever le nez sur un ingrédient que je jugeais ingrat? J’ai décidé que non. J’ai saupoudré le simili bacon sur ma salade césar (que j’ai mangée jusqu’à la dernière miette). Et je me suis promis de faire moi-même les courses la prochaine fois.

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2 commentaires

  1. leblanc anne
    13 Mar 2013

    vous avez publié un article tout a fait déculpabilisant,plutot que d etre « ` obsédé «  de la bouffe , je suis une foodie tout a fait comme vous dans votre article. je suis a la mode !!!

    merci

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