Manger en famille / L’heure des repas

Une mère en cuisine

Mes enfants me voient souvent en cuisine. Je coupe, découpe, range, nettoie, fait cuire, met au four. Je vide le lave-vaisselle (x 1000). Je goûte. Il arrive qu’ils s’installent au comptoir et discutent avec moi. Parfois, ils me donnent un coup de main. Souvent, ils s’affairent au-dessus d’un cahier de devoirs, d’une feuille à colorier, d’un album d’autocollants, d’un livre.

Je cuisine. Ils vivent leur enfance.

Ces moments, même s’ils sont parfois pressés, stressés, comprimés, je leur rends hommage aujourd’hui. On parle souvent de conciliation travail-famille, des heures de repas difficiles, détestées, expéditives, entre le trafic, les leçons et les bains; on parle rarement du bonheur du quotidien. De ces petites bulles de bien-être où tout roule, tout fonctionne, tout trouve grâce, tout à coup, pour un instant. Le grand frère qui aide la sœur à terminer une tâche. La radio en sourdine qui diffuse une mélodie coup de cœur. Le chat qui ronronne en plein milieu de la salle à manger.

Moi, qui cuisine.

Ce que je prépare à manger est un prétexte : je vois la cuisine comme une façon de diffuser de l’amour à chaque membre de ma famille. À petite dose, tous les jours, sans relâche, avec application et plaisir. Une obligation? Non, c’est un choix. Une corvée? Un loisir. Un casse-tête? Un défi.

L’heure du souper est notre moment. Gare à celui qui appelle ou sonne à la porte lorsque nous prenons place à table. Il sera vilipendé. Au mieux, ignoré. Les enfants ont instauré une nouvelle routine à table : chaque personne doit parler de son meilleur et de son pire moment de la journée. À tour de rôle, nous en apprenons un peu plus sur ce qui s’est passé pour l’un et pour l’autre. Tantôt, on découvre un mini-drame de cour d’école; tantôt, une activité scolaire enlevante. À chaque jour sa révélation.

À chaque jour sa révélation dans l’assiette aussi... Un nouvel aliment choisi au supermarché fait sourciller. Un repas acclamé le mois dernier fait grimacer. Une odeur passe d’enivrante à repoussante. Une texture passe d’intéressante à répugnante. Je cuisine pour deux critiques culinaires de haut niveau, capables d’ovations interminables et de remarques pitoyables…

Je souris. Je cuisine. Ils vivent leur enfance.

La vie, c’est un peu ça.

Suivez-moi sur Facebook & Twitter

Partagez l'article :

4 commentaires

  1. therese
    16 Mar 2015

    Quel beau texte ca me fesait penser a notre grande famille….tous échange leur journée tout en mangeant un bon repas…j’aimerais tellement que ce temps la revienne.

  2. Nancy
    17 Mar 2015

    Je trouve que votre texte fait du bien. Enfin quelqu’un qui sort de se marasme qui touche les mamans blogueuses . Celui qui met une lumière noire sur la vie de parents. Je suis quasi gênée de dire « hey moi je suis triste que la relâche soit finie » « non je ne m’arrache pas les cheveux avec les devoirs »  » hey on a eu du fun en famille » ! Je ne dis pas que ma vie est parfaite, je crie aussi mais me semble que pour moi, je préfère voir le beau dans ma vie familiale, les beaux moments comme dans votre texte ! Merci ! C’est rafraichissant !

    • Audrée
      18 Mar 2015

      Merci pour votre commentaire Nancy, il nous a fait du bien à nous aussi le texte de Maude 🙂

Soumettre un commentaire