Manger en famille / Les enfants!

Faire son épicerie avec deux jeunes enfants

Zut ! J’ai oublié d’acheter des œufs. Je dois faire un arrêt à l’épicerie avant de rentrer à la maison. Je me mords la lèvre en regardant dans le rétroviseur de la voiture : mes deux cocos sont assis derrière, ils chantent, tapent des mains, parlent à qui mieux-mieux. Princesse essaie de refiler un coup de botte à son frère; celui-ci esquive en riant… Ils se chamaillent.

Zut. Aller à l’épicerie. À 17h. Avec deux jeunes loups affamés. Mission terrible, mission impossible. Que faire ? Aie-je vraiment besoin d’œufs pour ma recette ? À moins que je bricole autre chose pour le repas… Non. Je dois y aller. Aucune issue.

Première tactique : avertir les marmots. « Les enfants, on va faire un court arrêt à l’épicerie, d’accord ? Ce sera rapide ! On entre, on sort ! On ne prendra même pas de panier. » Ils n’écoutent pas. Ils rigolent, ils s’amusent. J’ai l’impression de me parler à moi-même, de me préparer, moi.

On arrive. On se gare (près de l’entrée, c’est déjà ça de pris). On débarque. En mettant le pied à l’intérieur, é-vi-dem-ment, les enfants réclament un panier. Ils sautillent sur place. Princesse me fait ses petits yeux larmoyants. Je craque. On prend un panier. Je me retiens de ne pas sacrer en glissant ma fille dans l’espace avant du panier : à 2 ans et 4 mois, elle peut encore s’y asseoir, mais c’est serré. Les bottes d’hiver restent prises. Je sacre. Fiston me fait de gros yeux. J’ai chaud. Enfin, je réussis à déposer Princesse. « Veux sortir ! », réclame-t-elle aussitôt. « Ah non. Tu restes là ! » Ma fille se met à crier. Mon garçon aussi : il veut s’asseoir dans le panier. C’est interdit. C’est non.

Une cliente entre dans le supermarché en même temps que nous. Elle me fait de gros yeux. J’ai envie de lui lancer : « Mais oui, j’ai deux jeunes enfants qui bougonnent et qui crient, que voulez-vous que j’y fasse, j’ai besoin d’œufs. » Je me tais et lui décroche un sourire.

Grande inspiration. Je m’élance. Bien entendu, les œufs sont tout au fond. Fiston, vexé, me suit les bras croisés. « Faim, maman », me dit Princesse en faisant la moue. Vrai que c’est l’heure de la petite collation d’avant-souper. J’attrape un sac de raisins rouges au passage. Elle les engouffre et en échappe ici et là. Je regarde les raisins rouler dans l’allée et se faire écraser sous les bottes des clients. Je suis prise d’un immense découragement.

« Maman, on peut acheter ces biscuits ? » Fiston sort de sa bouderie et me pointe des biscuits choco-noisette. Il faut choisir ses batailles, m’a déjà dit une amie. « D’accord mais c’est une exception et tu en mangeras un seul, au dessert », lui dis-je. Il ne me répond pas, il est déjà loin devant. « Je fais la course maman ! » m’annonce-t-il fièrement. La dame de tout à l’heure passe à côté de moi. Elle fronce les sourcils en me jetant un coup d’œil. Je reste interdite. Suis-je une mère indigne ?

Je cours derrière mon panier. Princesse rit aux éclats. Un vent de panique monte en moi : où est passé mon fils ? Je le retrouve au bout de la rangée à un présentoir de dégustation. Il est en grande conversation avec l’employée. « Votre garçon est charmant » me dit-elle en souriant. « Merci », que je réponds, les dents serrées, en empoignant Fiston. Je rappelle quelques règles de sécurité à mon aîné lorsque j’aperçois avec stupeur le pied nu de ma fille qui pendouille hors du panier. « Mais où est ta botte ? Et ton bas ? » Elle hausse les épaules en continuant à grignoter.

Je rebrousse chemin. Repère la botte près de l’entrée. Le petit bas rose est resté au fond. « J’ai envie de pipi », chuchote Fiston. Est-ce une blague ? Non. Ça ne peut pas attendre. Pour accéder aux toilettes, il faut passer par les caisses. Je paie les raisins, les biscuits et je m’engouffre dans la salle de bain surchauffée avec mes deux tannants, tout contents.

Sur le chemin du retour, je pousse un soupir de soulagement. J’ai survécu. Mais… Ah non ! J’ai oublié les œufs.

Partagez l'article :

12 commentaires

  1. Pascale
    24 Fév 2012

    Déjà vu!!!! Dans ces cas, je fais tout pour aller au dépanneur à la place!!!!

    • Anne-Marie
      24 Fév 2012

      Il est vrai qu’à l’heure de pointe, tout juste avant le souper avec des marmots affamés, ce n’est pas la facilité incarnée! On y a tous déjà goûté 😉

  2. melanie
    28 Fév 2012

    Votre sujet de blogue me donne l’occasion de mentionner que certaines épiceries IGA ont d’immenses paniers de type « voiturettes ». Avec mes 2 filles de 2 et 3 ans, je fais le détour pour magasiner à ces épiceries même si elles sont plus loin en distance. Notre expérience en est largement bonifiée! J’en ai parlé au IGA de ma ville qui ne semble malheureusement pas m’avoir prise au sérieux… tant pis, je choisis d’investir le budget d’alimentation familial dans des endroits qui me facilitent la vie! Comment acheter les aliments d’une famille pour la semaine avec un bébé à l’avant du panier et un autre dans le panier??? Il ne reste plus de place pour les articles. Merci pour votre blogue, vous m’avez bien fait rire!

  3. réjeanne
    28 Fév 2012

    c’est tellement plein de courage ,de patience et d’amour une maman,,,,je ris de l’incursion,,,,,,il faut en rire,,,,,la fille d’une copine qui m’a fais passé un moment aussi inoubliable,,,a l’épicerie ,,,elle jetait tout par
    dessus bord ,,,,en sourirant,,,,,,les yeux de gens aussi,,,,,,j’en rit encore,,,,,,

  4. Emmanuelle
    28 Fév 2012

    Mais pourquoi est-ce si difficile de juste dire non a ses enfants??
    non au panier, non aux biscuits , on fonce aux oeufs, et puis voila!
    ils font mine de faire une crise? ils vont voir dans nos yeux que ‘non, je n’ai pas peur de ta crise, essaye pour voir’, et se tairont illico. J,achete des biscuits une fois sur 10 et parce que j’avais prevu d,en acheter!
    Un peu d’autorité bon sang!

  5. Valérie
    1 Août 2012

    C’est bien ces grands paniers, mais le problème est d’en sortir Fiston après l’épicerie. C’est la crise assurée.

  6. Danielle
    4 Août 2012

    Chère Emmanuelle,

    Vous avez raison, c’est assez facile de dire non. Non au panier, non aux biscuits.
    On le regarde avec de gros yeux, on l’écrase de notre autorité, on fonce aux oeufs et on retourne à la voiture en moins de deux. Voila!

    C’est plus difficile de le laisser s’exprimer, de discuter de l’achat des biscuits, de le voir disparaître au bout de la rangée et de le retrouver discutant avec un inconnu. Mais voilà, tout ça fait partie de l’apprentissage.

    Emmanuelle, ce dont vous parlez n’a rien à voir avec l’autorité. Ce dont vous parlez, c’est de la dictature.

    • ISAbelle
      30 Jan 2013

      Dictature.. peut-être. Qui a dit qu’il fallait élever ses enfants avec démocratie? Après-tout on n’a jamais été élue!

  7. ISAbelle
    30 Jan 2013

    D’accord avec vous!

  8. Mélissa
    1 Fév 2013

    Pouaahhh! C’est tellement nous avec notre fille de deux ans et trois mois!!! Surtout pour l’espace dans le panier et les maudites bottes!

  9. marie-claude.jerome
    11 Fév 2013

    Les joies de l’hiver… J’ai deux jeunes enfants, je vous comprends 😉

Soumettre un commentaire