Manger en famille / Les enfants!

Mange ton souper !

« Mange ton souper. » Ces trois mots, je les répète tous les soirs. Depuis quelque temps, Princesse, deux ans et Fiston, quatre ans, s’amusent à repousser leurs assiettes (et mes limites) sitôt assis à table. « Mange. Ton. Souper. » Parfois, ils boudent. D’autres fois, ils demandent à retourner jouer. « Mangetonsouper, mangetonsouper », leur dis-je alors, en tentant de cacher mon exaspération.

Je me sens comme une caporale devant deux soldats récalcitrants. La salle à manger est devenue un champ de bataille où je livre une guerre, une guerre de brocoli, de tilapia, de panais, de poulet farci et de lentilles. « En vingt ans de pratique, je n’ai jamais rencontré un seul parent qui a gagné cette bataille-là », m’a signalé un pédiatre, sourire en coin. Alors, je fais quoi, docteur ? J’abdique ? « Un enfant ne se laissera pas mourir de faim », a-t-il répondu. Première bonne nouvelle, ai-je pensé, ce sera une guerre sans victime.

Comprenez-moi bien : mes intentions sont bonnes. Je veux que mes enfants soient en santé, qu’ils aiment manger. Nous sommes tous les quatre à table, en famille, télévision éteinte, devant un bon plat; est-ce trop demander que d’afficher un minimum d’enthousiasme ?

Première erreur. Après avoir discuté de la situation avec la nutritionniste Stéphanie Côté, je réalise que le climat y est pour beaucoup. Moi, la commandante qui serre les dents, je dois apprendre à faire confiance aux troupes, à lâcher prise

Voici les cinq stratégies de Stéphanie pour convaincre l’ennemi à déposer les armes et à manger à l’heure du souper.

1. Ne pas mettre de pression. « L’appétit des enfants varie, dit la spécialiste et maman de deux jeunes enfants. Il change selon le rythme de croissance, les périodes de l’année, les activités physiques de la journée. Si tous les besoins nutritionnels sont comblés durant le jour, il est possible que l’enfant n’ait plus faim. » Conserver un climat positif à table, ça veut aussi dire ne pas donner plus d’attention à l’enfant lorsqu’il refuse de manger, explique la nutritionniste. Sinon, on embarque dans un cercle vicieux…

2. Pas de collation avant le repas, ou du moins, deux heures avant. « Si on donne quelque chose environ deux heures avant le repas, il faut s’en tenir à une collation légère : un fruit, un morceau de fromage, un yogourt. »

3. Ne jamais forcer un enfant à manger. « Ce n’est pas en manipulant l’enfant ou en argumentant avec lui qu’on va le convaincre, explique Stéphanie. Il faut plutôt donner l’exemple. Si le climat est agréable, que les parents sont des modèles, qu’ils ont du plaisir à préparer le repas et à manger, l’enfant sera moins réfractaire. »

4.  Être persévérant. « Il est normal d’avoir à présenter un nouvel aliment ou un nouveau plat plusieurs fois avant que l’enfant ne l’accepte, dit la diététiste. Il ne faut pas pour autant restreindre notre menu aux préférences des tout-petits. On peut continuer à l’offrir en petite quantité. »

5. Insister pour que l’enfant reste à table. « Le ¾ des enfants âgés entre 2 et 10 ans font de la néophobie alimentaire c’est-à-dire la crainte des nouveaux aliments. En les gardant avec nous, à table, on augmente les chances de leur donner le goût de manger. »

Bon. D’accord. Fini, les négociations. Terminé, les hostilités. Alors, les enfants, on fait la paix ?

Stéphanie Côté, M.Sc., nutritionniste, travaille au Groupe Extenso et chez Nos petits mangeurs. Elle tient un blogue sur le site Naître et grandir et elle est l’auteure de « Un enfant sain dans un corps sain ».
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8 commentaires

  1. Anie
    19 Nov 2011

    Tout ca est bien beau. Je laisse mon garcon de 4 ans ne pas manger (ou peu manger) au souper. Je me dis qu’il ne se laissera pas mourir de faim, etc. Il reste à table avec nous (papa, maman et petit frere de 2 ans). Ca ne le dérange pas et nous non plus ; pas d’hostilité. Par contre, 1 heure apres être sorti de table, il traine dans la cuisine et me redemande son souper ! Quoi faire ? Je lui dit qu’il aurait du souper lorsqu’il avait son assiette devant lui pour lui apprendre à respecter les heures de repas ? ou je le laisse manger une collation pour qu’il respecte son appetit. Personnellement j’ai un peu de misère avec la deuxième option. Surtout parce qu’il me fait le coup pratiquement à tous les repas (diner inclus). Je me trouve à passer mon temps à cuisiner et rechauffer des plats…

    • Diane
      23 Nov 2011

      Je lui expliquerais calmement que il n’y aura pas de collation ou son assiette dans 1 heure c’est maintenant ou cela ira au souper.

      Moi c’était au coucher que tout allait tout croche, il redescendait avec j’ai envi pipi, j’ai faim il ya des bibites dans mon lit etc…. Un soir le papa c’Est assis à côté de son lit et il ne laisse pas redescendre etc. ceci à durée 3/4 heure papa s’est adossé au mur et ne parlait pas et notre garçon a finit par comprendre que c’était l’heure du dos. Donc les soirs suivants ils avaient compris ce qu’il devait faire.

      Bonne chance avec vos repas.

    • Christine
      23 Nov 2011

      Même problème que Anie . On fait quoi une fois l’heure du souper passé ??

  2. Chantal
    22 Nov 2011

    Mon fils a un trouble envahissant du développement et il prend des médicaments qui lui coupe l’appétit. Il a maintenant 12 ans, il est petit et mince. Il ne mange pas les repas du midi et est très limité dans ses choix de repas en soirée. J’ai beau moi aussi avoir insisté pour qu’il mange ses repas mais avec le temps, ça n’a fait que s’aggraver. Il aime la pizza, les hamburger, les hot-dog, le steak, le poulet, parfois le spaghetti et c’est à peu près tout. Gare aux sauces ou marinades car il peut lever le nez. Même les fruits et les desserts, il fait ses choix. Lorsqu’il était bébé, il mangeait à peu près de tout et avec le temps, il s’est mis à éliminer des ingrédients de son alimentation. Quant aux médicaments, nous avons changé plusieurs fois mais tous donnent le même résultat.

  3. mami
    22 Nov 2011

    pis c ‘est quoi la réponse à ça

  4. Maude
    23 Nov 2011

    J’ai bien pris note de vos questionnements et préoccupations… Je tente d’obtenir des réponses à vos questions et je vous reviens dès que possible.
    Merci et au plaisir,
    Maude

  5. Nadine
    23 Nov 2011

    J’ai bien aimé votre article. Mon questionnement est le suivant: ma fille de 4 ans refuse souvent son plat principal mais a toujours faim pour le dessert…dois-je lui en donner quand même?

  6. Maude
    5 Déc 2011

    Bonjour à toutes,

    Voici les réponses de la nutritionniste Stéphanie Côté à vos questions.

    Anie :

    Vous avez raison d’hésiter avec la 2e option (une collation une heure après le repas pour remplacer celui-ci). Les enfants ont besoin d’un cadre pour les repas, comme pour les autres aspects de son éducation. Il y a des heures de repas et collations prévues; on mange en fonction de l’horaire. Cela dit, si votre enfant n’a pas faim au souper, mais une heure après, il y a lieu de se demander si:
    a) la collation de l’après-midi est trop près du souper
    b) la collation de l’après-midi est trop volumineuse

    Et les solutions envisageables:

    1- devancer la collation de l’après-midi
    2- réduire la collation
    3- repousser le souper

    Chantal :

    Il est difficile de départager les effets des médicaments et l’évolution d’un enfant néophobe… La néophobie est la crainte de la nouveauté. Des jeunes enfants peuvent manger de tout et, vers l’âge de 3-4-5 ans, refuser des aliments qu’ils mangeaient auparavant. Le danger est alors de se limiter à ce que les enfants aiment. Il faut plutôt continuer à offrir des aliments variés, car ça peut prendre plusieurs (15-20-25) expositions à un aliment avant qu’il accepte d’y goûter et autant avant qu’il l’apprécie.
    Rendu à 12 ans, un des trucs pour intéresser un enfant à divers aliments est de cuisiner avec lui, de l’impliquer dans les choix des repas, du légume, etc. Il faudrait aussi voir si votre enfant mange et boit en dehors des repas. Il ne mange pas au dîner et presque pas au souper, mais mange-t-il des collations? Dans certains cas particuliers, il peut valoir la peine de rencontrer une nutritionniste en consultation privée. Les conseils sont alors personnalisés et adpatés à chaque enfant. Vous pouvez vous adresser à l’Ordre professionnel des diététistes du Québec pour trouver une nutritionniste près de chez vous (www.opdq.org)

    Pour en apprendre plus sur la néophobie : http://naitreetgrandir.net/cs/blogs/dans-mon-assiette/archive/2010/12/07/serpents-echelles-et-nouveaux-aliments.aspx

    Nadine :

    En théorie, le dessert ne devrait pas être servi seulement si l’assiette principale est vidée. Le risque serait alors d’entretenir la notion que le dessert est une récompense. Vous pouvez faire remarquer à votre enfant qu’il est étrange qu’il n’ait pas faim pour le repas, mais seulement pour le dessert. Vous pouvez lui offrir une petite portion de dessert en lui disant qu’il en aura seulement une, car on ne se nourrit pas de dessert, aussi nutritif soit-il. S’il a encore faim, il doit revenir au plat principal. Il comprendra ainsi que le dessert seul ne comble pas sa faim. Dites-lui qu’il n’a pas à terminer son assiette et que vous comprenez qu’il garde une petite place pour le dessert. Assurez-vous de le faire patienter que les autres membres de la famille soient aussi rendus au dessert avant de lui en offrir. Finalement, vous pouvez décider que chaque repas n’a pas automatiquement de dessert. Même si c’est un fruit ou du yogourt, le petit quelque chose de sucré n’est pas essentiel.

    http://naitreetgrandir.net/cs/blogs/dans-mon-assiette/archive/2011/03/16/les-regles-autour-du-dessert.aspx

    Merci à toutes de vos commentaires et… bonne chance !

    Maude

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