À 1 an, l’un des premiers repas « autonome » de Fiston : quiche avec cubes de jambon et petits pois.
J’entretiens une relation ambiguë avec le jambon. Petite, je l’adorais. J’en mangeais souvent. Peut-être trop. De là l’écœurement, j’imagine. Aujourd’hui, le jambon, froid ou chaud, me laisse froide. Et pourtant… j’en sers à mes enfants. Et ils en raffolent (évidemment).
Voici, en cinq plats, les hauts et mes bas de ma liaison « jambonesque ».
Le roulé jambon fromage
J’ai 10 ans. Comme tous les midis, je viens dîner à la maison. Mon père, créatif et allumé en cuisine, ce qui n’était pas commun à l’époque, me prépare une nouveauté de son cru : un roulé jambon fromage. Il coupe des lanières de cheddar doux qu’il place au centre d’une tranche mince de jambon forêt noir. Il roule le tout et passe quelques secondes au four micro-ondes. Délicieux. Évidemment, j’en ai abusé. Et je ne pourrais plus en voir un seul sur ma table.
Le sandwich au jambon
C’est un classique : pain blanc, jambon, fromage, salade iceberg, moutarde. L’incontournable de la boîte à lunch m’a accompagné pendant mes études… Du primaire à l’université. Ma mère faisait parfois une entorse à la tradition en remplaçant les tranches de jambon acheté au comptoir de la charcuterie par « son » jambon cuit au four. Elle le passait alors à la moulinette pour en faire un pâté. Mêlé à des cornichons sucrés coupés en petits morceaux, c’était un régal. Évidemment, j’en ai abusé (prise deux). J’accepte d’en faire à mes enfants, mais je n’en mange pas. Je n’en mange plus.
La baguette jambon beurre
J’ai 20 ans, je suis à Paris. Sur un grand boulevard, j’arrête à un petit comptoir anonyme. Je suis affamée. Mon antipathie pour le jambon est encore bien réelle, mais devant le menu dégarni, je n’ai pas le choix. Je commande un sandwich baguette et jambon. Ré-vé-la-ti-on. « Oh ! Le jambon ne goûte pas pareil ici » que je me suis dit, perplexe, en avalant goulûment mon dîner. Je venais de découvrir les plaisirs de la charcuterie fine, des viandes séchées, épicées, fumées, salées, fondantes. Tout à coup, le jambon m’était charmant à nouveau.
La raclette
Il y a vingt ans, à un coin de rue de mon appartement d’étudiante, un restaurant suisse ouvrait ses portes : La Raclette (il est toujours ouvert). Par un froid soir d’hiver, mon amoureux de l’époque m’avait invité là pour la Saint-Valentin. J’ai goûté aux succulentes viandes des Grisons et à une foule de fromages. J’ai alors compris que le fromage fort, coulant, crémeux était l’allié parfait au jambon salé. La chose m’a plu. Je me suis dès lors acheté un four à raclette que j’utilise encore.
Le jambon de ma mère
Du jambon. Des pommes de terre pilées. Des petits pois. Mes enfants sont fous de ce plat traditionnel. Je le trouve monotone; ils le trouvent exquis. Alors, en bonne maman, je me plie à leurs volontés et je le mets au menu. La première fois, Fiston était tout petit, j’ai appelé ma mère pour lui demander conseil : comment le cuisiner ? Son jambon, en tout point identique à celui fait à la mijoteuse par Ricardo, bénéficie d’une astuce secrète… Roulement de tambour… Après la cuisson, elle le laisse refroidir sur le comptoir, dans son jus, puis elle le fout directement au frigo, jusqu’au lendemain. La chair, imbibée, devient moelleuse et goûteuse.
C’est cette recette qui m’a réconciliée avec le jambon. Après des années de liaisons tumultueuses, je l’aime à nouveau (mais pas trop souvent). Merci, maman !
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