Opération: Camouflage des légumes

Quand il est temps de faire manger des légumes aux enfants, il y a deux écoles de pensée : ceux qui optent pour des recettes où les légumes sont camouflés et ceux qui refusent de tricher et préfèrent présenter les légumes tels quels.

Je suis plutôt de cette dernière école. En fait, pour être honnête, j’ai TOUT essayé. Je suis la pro du refilage de légumes. Mon fils de quatre ans commence à me démasquer : il saisit, depuis peu, que j’use d’astuces pour lui faire avaler des légumes. Il n’est pas dupe… Mais s’il savait à quel point il n’entrevoit qu’une infime partie de mes ruses ! Pauvre petit chou.

Parmi les options classiques de camouflage, il y a celle où on incorpore les légumes à des pâtes : petits pois, tomates, céleris, carottes, olives…  Quand il est l’heure d’ajouter un légume peu convaincant (comme des champignons ou des asperges), il suffit d’être un peu plus créatif. On opte pour des pâtes aux formes ou aux couleurs inusitées. Moins le légume est populaire, plus il faut miser sur le goût et/ou la présentation du plat pour pallier à « l’affront ».

La sauce choisie est, évidemment, toute aussi pri-mor-di-a-le. Et l’adage est le même : moins le légume est populaire, plus il faut redoubler d’ardeur dans l’élaboration du plat. Par exemple, un légume vert qui fait grimacer Princesse doit impérativement être combiné à une sauce onctueuse, au fromage, tomatée ou légèrement sucrée, bref, elle doit être impeccable.

Deuxième recette éprouvée pour « passer » des légumes aux marmots : y ajouter du fromage. Un gratin de chou-fleur est toujours vite avalé à ma table alors qu’un bouquet de chou-fleur cuit à la vapeur laisse Fiston et Princesse de glace. En salade, quelques zucchinis finement tranchés, mêlés à du piment et des cubes de mozza, passent inaperçus. Mais faites-les griller en entier sur le BBQ et voilà, mes enfants sont tout à coup effarouchés. Il n’y a plus rien à faire, la ronde des « non, non, non » est repartie. Le zucchini regagne sont statut d’aliment atroce, condamné à faner dans le fond du frigo.

J’ai aussi noté que plus les enfants sont en bas âge, plus l’opération camouflage est nécessaire. Lorsqu’ils vieillissent, on peut relâcher notre esprit machiavélique et faire preuve d’un peu plus d’authenticité. Ainsi, chez moi, de nos jours, les légumes se dressent en toute simplicité. Chaque jour qui passe m’éloigne de cette époque où je devais redoubler d’ardeur pour convaincre mon duo qu’un légume, oui, ça peut être bon – et non, vous n’en mourez pas.

J’aime penser que j’en suis là parce que j’ai passé d’une main de maître l’étape du camouflage. Mais il n’en n’est rien : mes enfants me le rappellent, régulièrement (et douloureusement), en boudant à l’heure du souper, peu importe ce qu’il y a dans leur assiette.